Crise économique : 3 questions cruciales à se poser…

Au cœur de la tourmente,
vous avez ralenti ou même arrêté votre activité.
Certains pensent qu’après le déconfinement,
les choses ne reviendront pas comme avant.

Et vous vous demandez :
« est-ce mon activité reprendra son rythme d’avant la crise ? »

Pour vous aider à y voir plus clair, il faut d’abord faire la distinction entre 2 notions fondamentales : la crise et la disruption.

La crise :

Une crise est un évènement brutal. Lorsqu’il est surmonté, on en tire les conséquences et la vie reprend à peu près comme avant.

Si votre activité n’est affectée que par une crise, la meilleure stratégie est de courber l’échine et d’attendre que le business reprenne. Vous aurez alors des adaptations à faire en fonction du nouvel état de votre environnement. Votre situation financière sera probablement affaiblie et vous devrez prendre des mesures pour réduite les coûts. Certains de vos fournisseurs ou de vos partenaires feront défaut et il vous faudra en trouver d’autres. D’un autre côté, les concurrents les moins solides de votre secteur auront disparu.

La disruption :

Une disruption est un changement qui arrive lentement mais se traduit par un bouleversement profond et durable.

Si votre activité est touchée par une disruption, vous devrez repenser votre activité car les choses ne redeviendront jamais comme avant et de simples adaptations ne suffisent pas.

Dans cet océan d’incertitude, il y a une bonne nouvelle : les disruptions arrivent et se propagent lentement car elles se heurtent à des résistances.

Si une disruption impacte votre business, il est probable qu’elle était déjà présente dans votre environnement avant que le virus ne débarque chez nous. Cette crise sanitaire ne provoquera probablement pas une disruption totalement nouvelle mais elle peut cependant accélérer les disruptions déjà en cours.

Est-ce que votre activité subit une crise ou une disruption accélérée ?

La question est la suivante : « y a-t-il des disruptions que la crise risque d’accélérer et qui peuvent impacter mon activité ? »

Pour trouver la réponse, décomposons-la en 3 questions développées par Scott Anthony dans son livre « The silver lining » :

1. Une solution (déjà émergente et se révélant plus efficace que les solutions précédentes) devient-elle dominante ?

Par exemple, le télétravail. Cette solution existe depuis de nombreuses années et offre des avantages majeurs aux entreprises : réduction des espaces de bureaux, plus de flexibilité pour recruter des personnes habitant loin du lieu de travail, réduction des retards liés au bouchons, grèves.

Elle est aussi avantageuse pour les employés : réduction des temps de transport, gain en autonomie en particulier sur l’emploi du temps.

Et pourtant, le télétravail était jusqu’à très récemment peu utilisé en France, essentiellement parce que les managers résistaient : peur de ne pas contrôler le travail des salariés et de perdre le pouvoir.

Avec la crise actuelle, les directions n’ont pas eu d’autre choix que d’encourager tous ceux qui le peuvent à faire du télétravail. Ainsi les managers se familiarisent avec les bonnes pratiques à utiliser.

Il est fort probable que, à chaque fois que le télétravail s’est avéré positif pour les managers et leurs employés, sa pratique soit prolongée après la crise.

La question que vous devez vous poser : « dans mon secteur d’activité, les solutions qui étaient émergentes sont-elles en train de devenir dominantes ? »

2. Y a-t-il un changement de priorités dans les besoins des clients ?

Par exemple, le paiement sans contact. Jusqu’à récemment, les chiffres faibles de transactions par paiement sans contact montraient une forte réticence des clients.

Elle était due à la peur de la fraude car il n’y a pas la sécurité du code dans le sans-contact, la peur d’être incité à dépenser inutilement alors que les billets et pièces rendent la dépense plus visible, et dans le cas du paiement par mobile, la complexité apparente du paiement. A ceci s’ajoute l’attachement aux billets et pièces que l’on peut toucher et manipuler.

Depuis la crise du coronavirus, une nouvelle priorité s’est installée, celle de la distance sociale. Nous avons pris conscience que le contact avec les autres peut transmettre les virus et donc que les échanges de billets et de pièces peuvent être dangereux. Le paiement sans contact limite sensiblement ce risque et répond à cette nouvelle priorité.

Il deviendra probablement une pratique bien plus courante après la crise sanitaire. La question que vous devez vous poser : « dans votre secteur, est-ce que les clients sont en train de modifier durablement leurs priorités ? »

3. Y a-t-il un changement des règles de fonctionnement définies par l’environnement économique et légal ?

Un bon exemple est la télémédecine. Historiquement, les soins prodigués par le corps médical étaient basés sur une règle simple : les médecins doivent rencontrer physiquement les patients pour faire un diagnostic et suivre l’évolution de la maladie.

Cette règle est remise en question par la télémédecine avec des pratiques comme la téléconsultation et la télésurveillance. La réglementation a évolué ces dernières années en fixant le cadre de la télémédecine et, depuis septembre 2018, en assurant le remboursement des consultations à distance.

Cependant, bien que la télémédecine permette de relever des défis comme celui des déserts médicaux, du vieillissement de la population, de l’augmentation des maladies chroniques, sa diffusion en France a été très lente. Elle a été inhibée par les habitudes de consultation des cabinets médicaux, par le faible taux d’équipement des professionnels de santé et par les risques de piratage des données.

La crise actuelle bouleverse les cartes. Elle fait prendre conscience qu’en cas de pandémie, il est essentiel de protéger les soignants en évitant autant que possible leur contact avec les patients infectés.

Après la crise, il est raisonnable de penser que le déploiement de la télémédecine sera accéléré par une volonté redoublée à la fois des pouvoirs publics et des professionnels de santé pour s’équiper préventivement à une pandémie future.

Est-ce que votre secteur d’activité subit un changement de règles ? Ce changement est-il irréversible ?

Si la réponse est positive à l’une de ces 3 questions, vous subissez une disruption, et il va falloir réinventer votre business.

Ces 3 questions constituent un outil précieux d’aide à la décision. Elles vous permettent d’identifier les changements à venir dans votre secteur. Et vous pourrez y trouver des opportunités d’innovation.

Pour vous aller plus avant dans votre réflexion, vous pouvez lire les articles suivants abordant la proposition de valeur et le business model :
L’approche job-to-be-done
Un nouveau business model

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2 réflexions sur « Crise économique : 3 questions cruciales à se poser… »

  1. Merci Benoît pour cet article qui clarifie bien la différence entre crise et disruption.

    Les 3 exemples illustrent aussi très bien certaines étapes du cycle de l’adoption d’une innovation de rupture.
    A un moment donné, les gens connaissent l’innovation mais n’en sont pas persuadés, il existe encore des réticences.
    Puis est offert la possibilité de tester l’innovation : c’est un élément clé dans l’adoption (ici dans dans le cas du Covid19, c’est la contrainte du confinement qui a créé cette opportunité). Le fait de tester l’offre est une étape importante dans le processus de d’adoption.

    A bientôt,

    Laurent

    1. Merci Laurent pour ce commentaire. Oui, toute disruption provoque des résistances qui font que le marché de masse que l’offre disruptive intéresse ne l’adopte pas tout de suite. Avec l’apparition soudaine du coronavirus, on peut voir sans certains cas, un effet d’accélération de l’adoption… Dans un monde de plus en plus imprévisible, tout n’est pas totalement imprévisible…

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