Innovation : comment votre écosystème / communauté peut réduire les risques

innover sans risques

« Non, mais je préfère ne pas en parler pour l’instant… Je ne voudrais pas me faire voler mon idée, vous comprenez !… » Cette phrase, on me l’a souvent dite…

La peur de voir son invention copiée est une préoccupation légitime, tout à fait compréhensible, mais en fait, elle ne se justifie pas si vous créez une innovation de rupture. Voyons pourquoi…

Faites bien la différence entre innovation incrémentale et disruptive

Si votre innovation apporte une avancée intéressante (par exemple, vous apportez une réponse à un problème connu de tous) en continuité avec les solutions existantes, vous n’êtes pas dans une innovation de rupture mais dans une innovation incrémentale. Dans ce cas, effectivement, vous devez vous protéger des copieurs.

En revanche, si votre innovation apporte une avancée intéressante en rupture avec votre secteur (innovation dans les usages, le sens, la structure de coûts, le modèle économique…), c’est une innovation de rupture difficilement copiable par les concurrents.

Car une innovation disruptive ne consiste pas simplement à résoudre un problème connu de tous. C’est une stratégie entrepreneuriale qui sort du cadre et qui surprend les acteurs de votre secteur. Les concurrents mettent un certain temps avant de comprendre la disruption qui bouleverse leur marché.

C’est pourquoi garder le secret dans une stratégie d’innovation de rupture n’est pas forcément la meilleure protection.

Parlez haut et fort, en amont du projet

Au contraire, en amont de l’innovation, je vous conseille d’en parler haut et fort : faites tout ce que vous pouvez pour un battage médiatique maximum, faites le buzz sur les réseaux sociaux, faites appel à des stars ou à des influenceurs.

Bien avant la sortie du produit, même avant sa mise en production et avant que sa conception ne soit aboutie, faites-en la promotion, vantez-en les mérites ! Annoncez le projet d’innovation avant l’étape du prototype…

Par exemple, Tesla a fédéré autour de son projet de voiture électrique des communautés de fans, ce qui lui a permis de mettre en place un système de précommandes, alors que la fabrication n’avait pas encore commencé. Elon Musk a aussi créé un écosystème de partenaires pour mettre au point un réseau de recharges électriques et ainsi développer le marché qu’il était en train de créer.

Pour en savoir plus :
Open Innovation et maintien du secret : l’exemple de Tesla
L’innovation de rupture chez Tesla

Pourquoi vous diminuez les risques

1. Vous vérifiez qu’il y a bien une demande. Les réactions positives, voire enthousiastes, dans la communauté des passionnés ou des early adopteurs vous donnent la confirmation qu’il y a un marché. En étudiant plus en profondeur leurs réactions, vous comprendrez ce qui est important pour les futurs clients.

Car comme vous savez que vous ne pourrez pas doter votre innovation de toutes les fonctionnalités possibles (puisque vos ressources ne sont pas illimitées), il vous faudra établir ce qui est prioritaire et ce qui ne l’est pas.

Si la communauté réagit mollement, vous saurez que vous devez ajuster votre projet, voire l’abandonner. Vous éviterez un lancement commercial coûteux pour un produit qui aurait fait un flop.

2. Vous pouvez mettre en œuvre un programme de co-innovation avec les consommateurs, les clients, les fournisseurs etc. Les avantages sont nombreux : vous trouvez des ressources supplémentaires, vous accélérez le processus et vous assurez le succès futur car cette collaboration vous permet de faciliter l’acceptation par le public de votre nouveau concept.

3. Vous créez l’écosystème qui est nécessaire pour développer le marché. Comme l’a fait Elon Musk pour la Tesla, vous attirez autour de votre projet une multitude de start-up, entreprises qui vont construire cet écosystème.

4. Vous encouragez les passionnés de votre produit. Ils formeront une communauté de fans qui sera votre porte-voix lors du lancement commercial. Ils généreront le buzz sur lequel vous pouvez appuyer votre action marketing à faible coût.

Le cas intéressant des Google Glass…

Lorsque Google a développé les Google Glass, l’entreprise avait deux clientèles : les développeurs d’applications, qui tiraient avantage de la fonctionnalité des lunettes de Google, et les utilisateurs finaux. Bien entendu, il lui fallait d’abord convaincre les développeurs car sans applications, le produit n’avait aucun intérêt pour les utilisateurs.

Ainsi, très tôt dans le projet, Google lança une large campagne pour informer les développeurs. Cette phase fut un franc succès car un très grand nombre de start-ups rejoignirent le programme.

Par contre, le produit eut très peu de succès auprès du grand public malgré le soutien de quelques geeks qui en parlaient sur les réseaux sociaux, parce qu’aucun développeur n’a réussi à trouver une application suffisamment attractive.

Les seules applications viables furent inventées pour le marché professionnel (secteur médical et industriel). On pourrait penser que Google a eu tort de communiquer autant sur un programme qui a eu aussi peu de débouchés. Pas du tout. En en parlant abondamment et très tôt, Google a mis toutes les chances de son côté. Recruter un maximum de développeurs augmentait la créativité dans la recherche d’applications et permettait également de déceler très vite les limites de la nouvelle technologie.

Cela permit à l’équipe des Google Glass de ne pas attendre pour recentrer son produit sur quelques applications professionnelles. Et, comme l’explique très bien Eric Schmidt, ancien PDG de Google,dans son livre « How Google Works », les ingénieurs qui participent à un projet aussi ambitieux ont poussé les limites de la technologie. Même si leur projet échoue et s’arrête, ils en tirent des enseignements précieux et sont très demandés en interne lors du lancement de nouveaux projets.

Les précautions à prendre : ne pas tout dire…

Quand vous annoncez à l’avance votre projet, ne dîtes pas tout ! Gardez secret le cœur de votre technologie. Evitez d’expliquer comment vous comptez faire ou comment vous faites.Reprenons l’exemple d’Elon Musk : le cœur de la technologie reste secret (pas de brevet).

Dans mon ouvrage « Innovation de rupture, guide pour disrupter votre marché », vous pourrez en savoir plus sur ce sujet. Notamment, vous verrez comment faire pour établir un lien fort avec les communautés et l’écosystème, favoriser la corrélation avec les lead-users et diffuser l’innovation sur un marché naissant.

Un guide pour prendre les bonnes décisions

Cet ouvrage sur l’innovation de rupture a pour objectif de vous conseiller sur les meilleures stratégies et les méthodes les plus adéquates pour votre projet d’innovation. Il vous servira de guide pour y voir plus clair dans le foisonnement actuel.

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1 réflexion sur « Innovation : comment votre écosystème / communauté peut réduire les risques »

  1. Merci Benoît pour cet article intéressant.
    En réalité, dès le tout début d’un projet la notion de risque intervient. Le premier risque dans l’innovation est finalement de ne pas en prendre. D’ailleurs, beaucoup d’idées et de projets restent dans les cartons. J’observe souvent que de parler de son projet autour de soi permet d’externaliser ses pensées et souvent de les clarifier. La communauté d’innovation est utile aussi à ce moment là en faisant toutefois attention à sa communication.
    A bientôt,
    Laurent

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