L’Open Innovation est-elle dépassée ?

Open Innovation

L’innovation ouverte (open innovation) a marqué une rupture fondamentale dans le processus d’innovation de l’entreprise. Par opposition à l’innovation fermée (approche traditionnelle), elle a ouvert de nouvelles logiques collaboratives. Mais aujourd’hui, je peux affirmer qu’il existe de nouveaux modes d’innovation plus rapides et efficaces…

Les apports indéniables de l’Open Innovation

L’innovation ouverte permet à l’entreprise d’élargir ses ressources et ses compétences à l’extérieur, avec une souplesse et une efficience plus grandes.

Il existe 2 approches possibles :

  • La co-création
    Il s’agit d’une collaboration poussée entre des personnes extérieures et l’entreprise. Les parties prenantes sont peu nombreuses mais très impliquées. Elles comprennent des membres d’entreprises partenaires ou des clients (ce dernier cas de figure étant moins fréquent dans les faits).
  • Le crowdsourcing
    Il consiste à utiliser l’intelligence des foules. Concrètement, l’entreprise fait appel à son public, généralement les fans de la marque, ou alors aux spécialistes d’un métier particulier, pour trouver des idées. Par exemple, les entreprises peuvent recourir à des graphistes via la plateforme Creads, à des professionnels du marketing digital via DOZ ou à des créatifs via eYeka.

Les limites de l’Open Innovation

Ces processus sont rapides et très efficients par rapport à l’innovation fermée, mais ils ont des limites, notamment pour faire de l’innovation de rupture.

  • La co-création
    La co-création est très féconde pour ouvrir l’esprit de l’entreprise à l’occasion d’une innovation incrémentale ou en rupture. Cependant c’est un processus qui prend du temps. En effet, les acteurs qui co-créent ensemble doivent commencer par définir un cadre de collaboration précis, qui est souvent couché par écrit dans un contrat. En conséquence, la co-création ne permet pas d’accélérer le processus d’innovation.
  • Le crowdsourcing
    Le crowdsourcing ne permet pas d’aboutir à une innovation de rupture car il exige que le problème à résoudre soit spécifié. Or, dès que vous cherchez des solutions à un problème clairement défini, vous vous trouvez dans le domaine de l’innovation incrémentale.
    A l’inverse, dans le cas de l’innovation de rupture, l’innovateur cherche des idées à partir d’une problématique vague, et le processus habituel est inversé : le problème n’apparait clairement que lorsque sa solution a été trouvée.
    De plus, l’innovation de rupture nécessite la plupart du temps de changer de business model. Or, la « foule » n’a pas une connaissance suffisante du modèle d’affaires et des alternatives possibles pour en proposer un nouveau.

Il existe désormais un mode d’innovation plus rapide et plus efficient dans les phases d’exploration et de diffusion de l’innovation. Il s’agit des communautés d’innovation.

Pourquoi les communautés d’innovation dépassent l’Open Innovation

  1. Une exploration plus large et plus rapide
    Dans les communautés d’innovation, les participants sont très impliqués (parce qu’ils sont passionnés) sans avoir besoin d’un contrat stable ni d’un cadre. Ils échangent et produisent des idées créatives selon leur inspiration, sans qu’aucun problème à résoudre n’ait été spécifié.Lorsqu’il mène une innovation de rupture, l’innovateur doit explorer dans toutes les directions le domaine qui l’intéresse pour trouver des pistes prometteuses.A partir du moment où les membres d’une communauté d’innovation se passionnent pour ce domaine, ils sont particulièrement efficaces pour mener cette exploration. C’est pour cette raison que les communautés sont un accélérateur d’innovation de rupture.
  2. Diffusion de l’innovation plus facile
    Lorsque les membres de la communauté sont des clients de l’entreprise, ils sont très efficaces pour diffuser l’innovation sur le marché. Car ils sont enclins à vanter des produits dont ils ont activement participé à la mise au point et qu’ils ont pu tester.Les plus impliqués influencent les autres membres de la communauté et ensuite un public plus large grâce aux réseaux sociaux. Cette influence est très efficace : l’avis d’un passionné a beaucoup plus de poids qu’un message publicitaire.Lors d’une innovation de rupture, la diffusion par la communauté est cruciale. En effet, les clients potentiels hésitent à adopter une innovation qui ne ressemble en rien à ce qu’ils connaissaient auparavant. De plus, les distributeurs hésitent aussi à consacrer un espace de vente à un produit disruptif qui n’a pas encore fait ses preuves : ils préfèrent garantir leur chiffre d’affaires avec des produits bien installés.

    Par exemple, Salomon a lancé en 2006 la première chaussure de Trail Running, un sport qui représentait une rupture à l’époque. Alors que la marque était face à des concurrents plus puissants, elle a réussi grâce au pouvoir de conviction de la communauté. Lorsque les passionnés de trail ont insisté pour obtenir des chaussures de trail auprès des distributeurs, ces derniers ont pris conscience de ce nouveau potentiel de vente et se sont lancés dans l’aventure avec Salomon.

La gestion d’une communauté d’innovation ne s’improvise pas. Il s’agit d’établir et d’entretenir une relation pérenne avec elle, sachant qu’une communauté ne se résume pas à un groupe d’individus. Vous trouverez dans le livre « Les communautés d’innovation : de la liberté créatrice à l’innovation organisée » de nombreux conseils pratiques et des exemples réels.

Vous pourrez lire aussi les articles de la catégorie Communautés d’innovation

Facebooktwitterredditpinterestlinkedinmailby feather

9 réflexions sur « L’Open Innovation est-elle dépassée ? »

  1. Bonjour,

    Merci pour cet article synthétique basé sur votre excellent livre que j’ai déjà 🙂

    Une question : je n’arrive pas à mettre la main sur la plateforme DOS dont vous parlez, existe-t-elle toujours ?

    En vous remerciant.

    Bien cordialement.

  2. Je ne crois pas qu’en explicitant le problème on limite ses capacités d’innovation de rupture,
    mais trouver une innovation à potentiel de rupture et la faire émerger est bcp moins fréquent que de trouver et faire émerger des innovations incrémentales …

    on risque juste d’être aspiré par le travail sur les innovations incrémentales et de laisser tomber les pistes de rupture dont l’horizon de succès est plus lointain.

    mais ce n’est pas parce que l’on a bien explicité le problème

    1. Vous avez parfaitement raison, il est beaucoup plus facile de et fréquent de trouver des opportunités d’innovation incrémentales que des opportunités d’innovation de rupture. Et il est courant d’être aspiré par le court terme et de laisser tomber des idées en rupture. Ceci étant dit, lorsque l’innovateur s’autorise à s’ouvrir à des innovation de rupture, il doit s’ouvrir à l’inconnu, et ne pas limiter son exploration à trouver des solutions à des problèmes identifiés, ce qui est le propre de la plupart des démarches d’open innovation…

  3. Ping : Open Innovation et maintien du secret : l'exemple de Tesla par B Sarazin | NextStart

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *