Aujourd’hui, le cycle de vie des produits est plus court et les marchés sont plus instables, soumis à des disruptions et à l’ubérisation. Dans ce contexte, gérer les connaissances nécessaires à la conception et à la diffusion de vos produits devient ardu et coûteux.
Alors, comment faire ?
C’est le défi de toute entreprise innovante
Car, pour innover, vous ne pouvez plus vous contenter des structures organisationnelles classiques et du management traditionnel. Un nouveau type d’organisation est en train d’émerger. Il s’agit des communautés d’innovation, internes ou externes à l’entreprise. Elles sont une source fertile d’idées créatives. A charge pour le manager de les transformer en produits commercialisables et porteurs de valeur.
Les communautés d’innovation sont composées de passionnés. Par exemple, chez Ubisoft, les employés font partie de communautés qui sont centrées sur leur métiers : game designer, graphistes 3D, sound designers. Et lorsque Ubisoft mettait au point le jeu vidéo Assassin’s Creed Unity (paru en 2015), ils ont mobilisé une communauté d’historiens externes à l’entreprise. Ces derniers ont contribué à rendre l’expérience de jeu ressemblante et crédible en participant au développement de l’aspect des bâtiments, des costumes et des scènes de la vie quotidienne.
Le manager d’une entreprise innovante ne contrôle plus et doit lâcher prise
Cet apport des communautés change profondément le rôle des managers. Autrefois, il jouissait d’un contrôle absolu sur le processus d’innovation. Il décidait quand, comment et avec qui il voulait concevoir les nouveaux produits et services. Aujourd’hui, en se tournant vers les communautés, il doit en partie lâcher prise. Il doit laisser le bouillonnement créatif des communautés émettre une multitude d’idées innovantes. Parmi ces idées, il peut ensuite en détecter quelques-unes qui lui paraissent pertinentes pour atteindre ses objectifs.
Les communautés sont régies par les échanges informels et spontanés. Leurs membres rejettent le cadre hiérarchique et formel de l’entreprise traditionnelle. Si le manager veut profiter de la créativité des communautés, il doit adopter une attitude nouvelle : instaurer un climat de confiance, montrer que son entreprise favorise l’ouverture et la créativité. Il doit donner envie par une image forte. Enfin, il doit faire un effort constant pour alimenter les communautés avec des défis stimulants et porteurs de valeur.
Par exemple Lego offre à ses fans de créer leurs modèles et de publier leur œuvre sur le site Lego Ideas. S’ils obtiennent suffisamment de votes auprès des internautes, leur modèle passe devant un jury Lego pour devenir peut-être un vrai produit Lego. Enfin, le manager nouvelle génération a un rôle de sponsor en apportant les ressources (compétences, moyens matériels ou financiers) pour aider les membres de la communauté à transformer certaines de leurs idées en produits porteurs de valeur.
L’entreprise innovante de demain :
Selon la prédiction de Brown et Duguid, l’entreprise devient un véritable « collectif de communautés » où la capacité d’innovation repose de plus en plus sur la conjonction des apports des diverses communautés.
La revue Gestion d’HEC Montreal vient de publier dans son édition de l’été 2016 un dossier passionnant sur les communautés d’innovation.
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Il s’agit là d’un article intéressant, et qui ouvre beaucoup d’autres interrogations : le collectif de communauté et le « lâcher prise » du manager ne gêneront pas à termes un manque de structure qui nuirai à la création de valeur ?
En effet, la difficulté pour les communautés, c’est qui est difficile de les valoriser, de les capitaliser, or ils créent de la valeur pour l’organisation. On en remarque aussi auprès des grands comptes, mais ils restent difficiles à détecter, et ils ne peuvent pas se maîtriser.
Vous avez raison, le poids des communautés lève beaucoup de questions et remettent en cause fondamentalement le rôle des managers. Ceux-ci ne peuvent plus se contenter d’être de bons managers mais doivent aussi être capables de gérer une relation avec des communautés qu’ils ne peuvent pas contrôler. C’est à l’image des champions sportifs qui ne peuvent plus se contenter de performer dans leur sport. Ils doivent également savoir s’exprimer devant les médias et éviter les petites phrases malheureuses qui peuvent leur coûter leur carrière. C’est pour les mangers une nouvelle ère plus complexe que la précédente.