Le modèle de l’innovateur, une source d’inspiration pour les équipes

innovateur rêveur
L’innovateur en phase de créativité débridée

Un innovateur qui rencontre le succès réussit le mariage incongru de la créativité, du réalisme et de la critique. « Mais comment faire quand on travaille en équipe ? » m’a demandé le dirigeant d’une entreprise. Voici ma réponse…

L’innovateur passe par 3 états d’esprit différents

Elmar Mock et Gilles Garel dans leur livre La fabrique de l’innovation décrivent très bien ces 3 états.

  • L’état gazeux :
    L’innovateur fait émerger les nouvelles idées. C’est l’état du rêveur, du créatif, capable d’imagination débridée sans limites, visualisant tous les bénéfices de l’idée, même s’ils sont lointains. C’est dans cet état qu’apparaissent les idées qui sortent du cadre.
  • L’état liquide:
    L’innovateur concrétise ces idées, les met en œuvre et établit des plans d’action. Il agit en réaliste, traduit l’idée en solution concrète, planifie sa mise en place, mobilise les ressources et les compétences.
  • L’état cristallin :
    L’innovateur envisage tout ce qui pourrait faire échouer l’idée. Il agit en critique et analyse les objections, le non-respect des normes, les risques. Il définit les règles et procédures, les critères de performance, les solutions de repli.
Une équipe peut-elle en faire autant ?

L’innovateur efficace est celui qui sait passer de manière fluide entre ces trois états. Et j’observe que c’est loin d’être évident, surtout en équipe. Très souvent, un membre de l’équipe a une nouvelle idée et l’exprime à ses collègues avec enthousiasme. Il fait miroiter toutes les possibilités qu’elle permet d’ouvrir.

Un de ses collègues l’écoute et trouve immédiatement de nombreuses objections. Il démontre que l’idée est vouée à l’échec et la déclare inintéressante. Malheureusement c’est trop tôt. On n’a pas laissé l’idée murir suffisamment pour pouvoir en évaluer l’intérêt. C’est dommage parce qu’on ne saura jamais si cette idée était intéressante ou non.

Quelle est la solution ?

Pour contrer ce problème, j’utilise la méthode que Robert Dilts a créée et qu’il appelle la « Disney strategy », documentée dans son livre Leadership visionnaire, outils et compétences pour réussir le changement par la PNL. Elle est inspirée du comportement de Walt Disney qui était réputé pour être capable d’être autant rêveur que réaliste et critique avec ses équipes de création.

Elle consiste à obliger l’équipe à séparer formellement les moments de travail à l’état gazeux, liquide et cristallin. J’applique cette méthode dans de nombreuses situations, et en particulier dans les séances de brainstorming que j’anime.

Voici le déroulement :
  • Phase 1 : état gazeux – attitude du rêveur
    J’invite les membres de l’équipe à exprimer leurs idées les plus folles, en imaginant que toutes les contraintes sont levées.
    Aucune critique n’est admise, que ce soit sur la possibilité de les concrétiser ou sur les obstacles et risques. A ce stade, l’état gazeux (rêveur) et cristallin (critique) sont incompatibles, c’est-à-dire que la moindre critique élimine les idées sans leur donner leur chance. Lorsqu’une idée vient d’être émise, elle est toujours bancale et incomplète et ce n’est qu’après être passée par la phase réaliste – à l’état liquide – qu’on peut la critiquer.
  • Phase 2 : état liquide – attitude du réaliste
    Je propose aux membres de l’équipe d’examiner les idées qu’ils viennent d’énoncer et d’en choisir un petit nombre qui ont un potentiel élevé et semblent réalisables. Ils répondent à la question : comment peut-on concrétiser cette idée ? Ils établissent un plan de mise en œuvre. Les critiques sur les problèmes possibles ne sont toujours pas admises.
  • Phase 3 : état cristallin – attitude du critique
    J’invite les membres de l’équipe à critiquer les plans de mise en œuvre : qu’est-ce qui pourrait faire échouer le plan ? Qui pourrait s’y opposer ? Que manque-t-il pour assurer la réussite ?

Avec cette approche, les membres de l’équipe sont très créatifs. Ils sont capables d’émettre des idées qui sortent des sentiers battus, de les ancrer dans la réalité et d’intégrer les risques et les obstacles.

Mes recommandations :
  • Lorsque vous discutez d’innovation, prenez conscience des 3 états, gazeux (rêveur), liquide (réaliste) et cristallin (critique) par lesquels vous passez. Remarquez comme votre état d’esprit varie et comment les questions que vous vous posez sont différentes.
  • Lorsqu’un membre de l’équipe émet une idée originale, évitez les critiques. Proposez plutôt à l’équipe de regarder comment cette idée peut être mise en œuvre.
  • Lorsque l’équipe est passée par l’état gazeux (rêveur) puis liquide (réaliste), encouragez les critiques. Ne le faites pas plus tôt. De plus, assurez-vous que les critiques portent sur les plans de mise en œuvre établis dans la phase liquide (réaliste) et non sur l’origine de l’idée émise dans l’état gazeux (rêveur).

Lire aussi :
10 façons de tuer un projet d’innovation de rupture

NB : La 2ème édition du livre « La fabrique de l’innovation » paraît en avril 2016.

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2 réflexions sur « Le modèle de l’innovateur, une source d’inspiration pour les équipes »

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