Ubérisation, impression 3D, Big Data… Ces disruptions bouleversent tous les secteurs. Chez vous comme chez les concurrents, le rythme d’innovation s’accélère. Innover plus vite et mieux, sans exploser les budgets de R&D, comment faire ?
On sait que les entreprises les plus innovantes ne sont pas celles qui ont les budgets R&D les plus élevés. Ce sont celles qui réussissent le plus efficacement à faire naître et à mettre au point les idées d’innovation.
C’est précisément ce que des entreprises comme Google, Renault, Décathlon et Salomon ont compris… Leur secret ? Leur lien avec les communautés d’innovation.
Une communauté d’innovation, c’est quoi ?
C’est un groupe de personnes animées par un centre d’intérêt commun. Chacun dans sa spécialité, ces personnes forment des communautés internes à l’entreprise et échangent avec leurs collègues de manière informelle sur les nouveautés et les idées les plus avancées. Mais leurs échanges dépassent les frontières de l’entreprise. Elles communiquent aussi régulièrement avec des confrères employés de start-up locales ou même chez des concurrents. Elles échangent aussi avec des spécialistes d’autres domaines.
Par exemple, chez Ubisoft, ce sont ses concepteurs de jeu (game designer), ses scénaristes (script writer), ses artistes graphiques (graphic artists), ses designers du son (sound designers), etc… Mais ce sont aussi des personnes extérieures. Pour le jeu Assassin’s Creed Unity, Ubisoft a travaillé étroitement avec la communauté des historiens pour reproduire fidèlement la ville de Paris au temps de la révolution française.
Google aussi encourage les communautés d’innovation. Pour plus de détails, vous pouvez lire l’article « Gestion de l’innovation chez Google : c’est la communauté qui décide ! »
Pourquoi les communautés d’innovation ouvrent-elles davantage d’opportunités ?
Parce que votre entreprise évolue dans un monde de plus en plus complexe. Le mode traditionnel de management qui donne des objectifs précis à des salariés pour qu’ils trouvent des solutions innovantes à un problème posé est devenu obsolète aujourd’hui. Vous avez besoin d’un mode de réflexion ouvert, curieux, transversal, libre et diversifié. C’est dans cette optique que les communautés d’innovation sont efficaces.
Les communautés d’innovation sont des réservoirs d’idées et de connaissances
Les membres qui constituent ces communautés sont des passionnés qui créent constamment de nouvelles idées. Ensemble, ils accumulent un réservoir d’idées et de connaissances qui s’enrichit constamment et que l’on appelle le « surplus créatif ». Lorsque les employés d’une entreprise sont connectés à ces communautés, ils ont accès à ce réservoir d’idées.
J’ai observé dans mon travail avec Salomon comment une petite équipe de passionnés – athlète, ingénieur, designer, podologue – a pu donner naissance à des produits phares de la marque comme la chaussure Sense. Comment ont-ils fait ? Chacun d’entre eux était connecté à la communauté des passionnés de leur domaine et puisait dans le surplus créatif. Ils ont pris les meilleures idées dans chaque domaine et les ont combinées pour créer une innovation inédite.
Le surplus créatif n’est pas seulement une source riche, elle est aussi peu onéreuse. L’entreprise n’a pas à supporter des coûts élevés comme ceux de l’administration d’un système de gestion de connaissances. Ici, la gestion du surplus créatif n’est pas à la charge de l’entreprise : c’est la communauté qui le gère.
Il suffit simplement que l’entreprise facilite les échanges informels entre les membres de la communauté et qu’elle leur donne du temps.
Comment intégrer une communauté d’innovation dans son entreprise ?
Le problème est qu’il faut réussir le mariage improbable entre deux cultures radicalement opposées. Dans l’entreprise, on suit les ordres de la hiérarchie. On sert les intérêts de l’entreprise, de son département ou de sa propre carrière. On se plie aux règles et processus établis. Dans la communauté, personne n’a d’autorité sur personne. On partage avec les autres de manière désintéressée, sans rien attendre en retour. Les seules règles sont celles de la passion et de la liberté.
Pour répondre à cette question épineuse, j’ai décidé de m’associer avec les deux experts reconnus mondialement sur le thème des communautés d’innovation : Patrick Cohendet et Laurent Simon, chercheurs et professeurs à HEC Montréal. Ensemble nous écrivons un ouvrage sur les communautés d’innovation dont la publication est prévue au printemps 2016. Cet ouvrage sera un travail collectif, co-écrit avec d’autres experts qui ont vécu l’expérience de communautés d’innovation en entreprise. Notre but est de répondre aux questions suivantes :
- Quels sont les différents types de communautés d’innovation et lesquels faut-il choisir ?
- Comment les communautés naissent-elles et évoluent-elles ?
- Quelles sont les structures qui permettent à l’entreprise de collaborer avec les communautés ? Quelle attitude doivent adopter les managers ?
- Quels sont les écueils à éviter ?
Parmi les chapitres du livre, je peux d’ores et déjà vous dévoiler une partie des expériences étudiées :
- Ubisoft : Patrick Cohendet et Laurent Simon
- Salomon : Benoit Sarazin
- Renault : Frédéric Touvard, consultant et animateur de la communauté depuis son origine
- Decathlon Création : Vincent Textoris, Open Innovation Manager de Décathlon, et Cyrielle Vellera, chercheur et professeur à l’Université de Toulouse
Je suis très enthousiaste à l’idée de participer à cette réflexion collective. Nous cherchons des solutions concrètes utiles à toutes les entreprises. Et je ne manquerai pas de vous tenir au courant des avancements. N’hésitez pas à vous inscrire gratuitement à ce blog pour être informé…
Les communautés d’innovation,
de la liberté créatrice à l’innovation organisée
de Benoit Sarazin, Patrick Cohendet et Laurent Simon
aux Editions EMS Management & Société
est paru le 15 juin 2017
Management de l’innovation chez Google : un autre monde est possible !
Gestion de l’innovation chez Google : c’est la communauté qui décide !
Surplus créatif, le secret des entreprises innovantes







Ce que j’aime c’est cette capacité à nous éclairer en quelques chapitres sur une problématique qui nous pose problème depuis des lustres
Alors merci
Yo
Merci pour ces encouragements. Je mets beaucoup d’énergie pour écrire ces articles dans mon blog pour les rendre les plus utiles et éclairants. Cela fait très plaisir de voir que ces efforts sont appréciés.
Excellent Benoît de sensibiliser ce groupe sur un sujet capital pour l’avenir de nombreux emplois et de nombreuses PME. Il faut quand même admettre que ce sujet des communautés d’innovation date de plus de 100 ans dans de nombreux secteurs économiques. Vos exemples sont bons mais ils sont issus d’une pensée évolutive des grandes entreprises mondiales. Dupont, Volvo, IBM, GE et même de grandes sociétés comme la NASA ou les grandes universités appliquent le concept des communautés d’innovation depuis très longtemps. Même les Perses au moyen-âge appliquaient ce concept. Partage des innovations en architecture, littérature et mathématiques. Le point commun avec aujourd’hui: le grand besoin de contribuer au développement de la société (aujourd’hui on dit innover pour les clients, consommation oblige).
Au Québec, il ne faut pas trop rêver avec ce concept, ce serait de la fausse représentation auprès des entrepreneurs. Vivre dans une véritable communauté d’innovation, et non un club social genre chambre de commerce qui n’aboutissent à rien sauf de donner des prix bidons sans fondement, c’est un défi majeur que peu de gens peuvent honnêtement dire qu’ils l’ont vécu. Au Québec, les vrais innovations sont très rares, malgré ce qu’en pensent les politiciens et fonctionnaires qui se gargarisent avec cette expression sans aucune connaissance de la bête. Allons voir l’Inde, la Chine, le Japon, certains états américains, les scandinaves et même depuis peu, certains innovateurs en Afrique dans des nouvelles communautés de service, nous serions gênés de nos fausses prétentions. Ici, on n’innove pas parce que pour l’instant, on n’en a pas besoin, l’état veille sur nous.
Vous le dites bien, la base ce sont les intérêts communs (pas les problèmes communs comme manquer d’argent). Le partage équitable des investissements, connaissances, expériences, stratégies, ressources et surtout des résultats et de la nouvelle richesse exige une maturité très élevée de juste compréhension des intérêts entre entrepreneurs. L’état et ses fonctionnaires, comme les banques et autres financiers n’y connaissent rien. Il suffit d’y entrer pour constater le peu d’innovation en management qui s’y fait. Acheter et installer des TIC, ce n’est pas de l’innovation.
Évidemment, je vous invite à poursuivre la discussion.
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Vous avez raison, les communautés d’innovation ne datent pas d’hier. En fait, la notion de communauté est aussi ancienne que l’homme préhistorique pour qui la communauté, c’était la tribu. Et l’innovation est aussi vieille que l’homo sapiens… Ce qui change aujourd’hui, c’est la facilité à échanger entre individus qui rendent les communautés très pertinentes. Dans les années qui viennent, pour innover, les entreprises devront faire de plus en plus appel aux communautés d’innovation. Mais ce dialogue est loin d’être facile. Le livre que je co-écris a pour but de donner des repères aider les entreprises à établir une relation fructueuse avec les communautés d’innovation. J’aurai l’occasion d’en dire plus dans mes prochains articles sur ce blog au fur et à mesure de progrès du livre.
Merci pour cet article tout à fait intéressant.
Je pense effectivement qu’il est fondamental d’élargir l’horizon de nos réflexions professionnelles au delà de nos connaissances propres, au delà de nos entreprises et en fait au delà de ce que nous pourrions appeler nos carcans intellectuels.
La confrontation à d’autres, venant d’autres horizons, ouvre le champ des possibles et permet d’inventer ce que notre seule pensée ou la seule pensée de notre groupe ne permettait pas de formuler.
Finalement c’est une bonne nouvelle : on est plus intelligent à plusieurs !
Bon courage dans l’écriture de votre livre collectif, c’est surement une très belle aventure que vous ouvrez avec vos collègues d’outre atlantique
Cordialement,
Christophe GALY
Merci Christophe pour vos encouragements. Ce livre est une aventure passionnante pour moi, aussi bien par le sujet que la qualité des co-auteurs qui l’écrivent avec moi.