L’ubérisation, qu’est-ce que c’est ?
Uber est la start-up qui a fait des ravages dans le secteur des taxis. L’ubérisation de tout un secteur, c’est l’irruption d’un acteur du numérique qui bouscule tout sur son passage et devant lequel les acteurs du secteur sont impuissants.
Cette transformation profonde et rapide n’est pas spécifique aux taxis… Booking.com et Airbnb dans l’hôtellerie, les MOOC dans l’enseignement, Blablacar dans l’automobile, Nest dans le chauffage, le Lending Club dans la finance, DemanderJustice.com dans le droit, etc…
Et votre entreprise ? Est-elle menacée par l’ubérisation ?
L’ubérisation, ce n’est ni plus ni moins qu’une innovation de rupture ou stratégie disruptive. Elle permet à ses initiateurs de révolutionner les usages et de capter une grande part de la chaine de valeur sur tout un secteur en utilisant les nouvelles possibilités du numérique, et éventuellement l’économie du partage.
Lorsque mes clients m’interrogent, je leur recommande de mener en parallèle deux réflexions :
– Réduire sa vulnérabilité
– La meilleure défense, c’est l’attaque : créer un nouveau business disruptif en capitalisant sur le numérique.
Utilisez le numérique pour enrichir votre avantage concurrentiel. Pourquoi attendre qu’un nouvel entrant devienne incontournable pour réagir ? Prenez les devants. Vous fidéliserez vos clients et réduirez votre vulnérabilité face au nouvel entrant.
Si un nouvel entrant peut créer une nouvelle offre grâce au numérique, c’est qu’il a identifié une manière plus efficace de servir les clients. Cherchez les moyens d’améliorer votre offre en terme d’usages, d’expérience, de facilité, de commodité, de prix, le tout grâce au digital, mais pas seulement : les objets connectés, le Big Data, la réalité augmentée, etc…
Posez-vous 2 questions:
– Pouvez-vous augmenter la valeur que vous apportez à vos clients ? Par exemple, pouvez-vous faire un suivi personnalisé de vos clients comme le fait Amazon lorsqu’il propose de manière pro-active des articles qui intéressent ses acheteurs?
– Pouvez-vous rendre plus efficace la mise en œuvre de votre produit ou service ? Par exemple, pouvez-vous réduire les coûts pour certaines de vos prestations comme le font les MOOC en utilisant des moyens virtuels pour délivrer certains cours ?
Si vous vous contentez d’améliorer votre offre, cela vous permet de contrer la disruption sur votre marché pendant un temps mais pas solidement. Car le nouvel entrant n’est pas un concurrent comme les autres : il change les règles de la concurrence. Son offre n’est pas équivalente à la votre : il choisit de se concentrer seulement sur une partie de la chaine de valeur pour laquelle il apporte une valeur élevée.
Il attaque votre marché à sa périphérie, si bien qu’il grignote progressivement vos marges et fragilise vos revenus. C’est pourquoi il faut réfléchir d’emblée à une nouvelle stratégie disruptive, mais pas n’importe comment…
La presse écrite est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Historiquement, les journaux étaient le média de référence à la fois pour l’actualité instantanée et la réflexion de fond. Mais ils tiraient aussi leurs revenus d’activités additionnelles. Ils diffusaient de la publicité, publiaient des annonces immobilières, des offres d’emploi, des annonces de vente entre particuliers. Leur seule réponse a été d’améliorer leur offre, sans modifier leur modèle économique.
Progressivement, ils ont perdu le contrôle de ces activités au profit de nouveaux acteurs numériques : Google pour la publicité, Keljob.com pour l’emploi, Seloger.com pour l’immobilier, Le Bon Coin pour les ventes entre particuliers. Et ils sont malmenés sur leur activité cœur, l’actualité, par les chaines TV comme BFM TV, les blogs, les journaux gratuits, etc.
Attention, ne mélangez pas le business en rupture et votre business existant. C’est une erreur que commettent beaucoup d’entreprises. Vous serez limité à des innovations peu ambitieuses qui seront une réponse piteuse devant la menace de l’ubérisation. Pourquoi ? Parce que dans votre business existant :
– Vous ne pouvez pas remettre en question les grands principes de votre business sans le mettre en danger. Or innover en rupture, c’est faire fi des principes existants.
– Vous êtes liés à vos clients actuels. Or, lancer un business en rupture, c’est commencer par servir des clients déçus par les offres existantes. Ce n’est pas se limiter aux clients les plus fidèles.
– Vous n’avez pas droit à l’erreur. Or, créer un business en rupture, c’est procéder par essais – erreurs. Il est illusoire d’espérer réussir du premier coup. Ce n’est qu’après de multiples tentatives que vous trouverez la combinaison gagnante.
Créez le nouveau business en rupture dans une entité indépendante du business actuel. Cette entité aura ainsi toutes les chances de son côté pour innover de manière radicale. Regardez Nespresso : c’est une entité qui a démarré comme une start-up séparée du reste du groupe Nestlé.
Pour en savoir plus, vous pouvez parcourir la catégorie Management de l’innovation et plus spécifiquement l’article suivant : Dépasser les barrières internes à l’innovation de rupture
L’objectif est de créer un nouveau business à partir d’une innovation de rupture qui capitalise sur le numérique. Vous devez remettre en question les principes de votre business model existant et observer le marché comme si vous étiez un nouveau venu. C’est une posture mentale d’autant plus difficile que vous connaissez bien le secteur…
Posez-vous les questions suivantes :
– Quelles sont les inefficacités des systèmes actuels que des outils numériques peuvent résoudre ? Pouvez-vous en faire un nouveau business? C’est par exemple ce qu’a fait Uber lorsqu’il a compris que les sociétés de taxis supportaient des charges importantes : la gestion d’une flotte de véhicules, l’achat des licences de taxis. En créant une application sur smartphone qui met en relation des utilisateurs et des chauffeurs qui utilisent leur voiture personnelle, Uber échappe à ces coûts.
– Quels sont les besoins latents des clients que les outils numériques peuvent assouvir ? Par besoins latents, on entend les besoins que les clients ressentent mais ne pensent pas à exprimer parce qu’aucune solution n’existe pour les satisfaire. Les nouvelles possibilités numériques permettent-elles de les résoudre ? Par exemple, Nest a détecté un besoin latent chez les utilisateurs de chauffages individuels : un thermostat qui se programme tout seul. Les technologies d’intelligence artificielle et de l’internet des objets ont permis à Nest de transformer ce besoin en réalité.
Les questions que j’ai listées ci-dessus paraissent simples. Mais attention, y répondre est complexe. Voici 3 méthodes que j’utilise régulièrement chez mes clients pour les traiter, que ce soit avec l’objectif de protéger le business existant ou de créer un nouveau business en rupture :
– La matrice du business model : pour trouver comment organiser le business différemment,
– Le “Job to be done” : pour répondre de manière innovante aux besoins des clients,
– La prospective : pour élargir l’esprit.
Dans mes prochains articles, je parlerai plus en détails de ces 3 méthodes… N’hésitez pas à vous inscrire gratuitement à ce blog pour être informé de leur parution !
L’imprimante 3D, une opportunité pour créer un nouveau marché







Genial,
merci Maitre Yoda.