Je constate très souvent que les équipes qui cherchent à innover rencontrent deux problèmes :
– Elles manquent d’idées originales.
– Elles ont un processus de sélection peu efficace. Elles mettent très longtemps pour valider si l’idée sera un succès sur le marché.
Les conséquences sont majeures. Vous allouez trop de ressources à des projets qui échouent parce que l’idée avait peu de potentiel. Et vous avez du mal à vous rendre compte qu’une idée qui pourrait alimenter la croissance future, est en train d’émerger.
Google a mis en place un processus de gestion de l’innovation qui résout ce problème de manière très habile.
Dans beaucoup d’entreprises traditionnelles, les employés sont enfermés dans un univers où ce sont toujours les mêmes idées qui circulent. En conséquence, c’est très rare que des idées vraiment originales émergent.
Voici comment Google s’assure de constamment émettre des idées originales dont certaines peuvent avoir un très haut potentiel. Son management a mis en place une règle autorisant les salariés à passer 20% de leur temps sur le sujet de leur choix, sans avoir besoin de l’aval de leur management. Pour moi, ce qui est vraiment original, c’est la liberté de pensée qui leur est accordée.
Pendant ces moments de liberté, ils consacrent naturellement leur effort aux sujets qui les passionnent. Or, c’est dans ces domaines qu’ils sont les plus compétents, les plus créatifs et par conséquent les plus efficaces. Ils prennent contact avec d’autres qui partagent la même passion, que ce soit à l’intérieur de l’entreprise ou à l’extérieur. Ces connexions sont des sources qui les inspirent et les incitent à enrichir leurs idées.
Dans les entreprises traditionnelles, le salarié propose son idée à ses chefs. C’est sa hiérarchie qui en évalue l’intérêt et décide ou non d’allouer les ressources. Mais celle-ci le fait à l’aveugle. Elle n’a pas les moyens de répondre aux questions les plus cruciales : le marché va-t-il adopter votre innovation ? Le nouveau produit va-t-il générer suffisamment de valeur ajoutée pour que le client l’achète ? En effet l’idée n’est pas suffisamment aboutie pour que l’équipe puisse présenter un premier produit à des clients potentiels et obtenir un feedback significatif.
Pour obtenir des ressources pour son idée d’innovation, le salarié de Google ne s’adresse pas à son chef. Il doit « recruter » d’autres collègues et les convaincre de consacrer les 20 % de leur temps libre à son projet.
En clair, c’est la communauté des employés qui décide. Cette phase est drastique : il est beaucoup plus difficile de convaincre des collègues que sa hiérarchie. Vous devez rendre votre projet suffisamment attractif pour attirer vos collègues… Ce n’est pas une mince affaire. En effet, vos collègues se comportent comme des clients potentiels flânant dans les allées d’un salon : ils ne s’arrêtent devant votre idée que si elle capte leur adhésion.
Même si c’est difficile, recruter des collègues est un test très efficace. Vous êtes obligé de créer très vite un premier prototype pour prouver la valeur de votre idée. Vos collègues jugent votre idée en prenant le point de vue critique d’un utilisateur potentiel. Ils voient les bénéfices ainsi que les défauts. Le fait qu’ils adhèrent à votre idée est un signe très fort. Cela veut dire qu’ils croient dans la réussite de votre projet. Mais aussi qu’ils imaginent déjà les solutions pour gommer les défauts. C’est un vrai test du marché en miniature.
Voici les questions que je vous encourage à vous poser sur votre démarche d’innovation :
- Comment encouragez-vous vos collaborateurs à suivre leurs passions pour alimenter les idées d’innovation ? (Même si vous ne pouvez pas leur offrir 20% de temps disponible ?)
- Comment les poussez-vous à recruter très tôt des alliés qui passeront du temps à mettre au point leur innovation ? Ces alliés peuvent être des collègues, mais aussi des clients potentiels ou des partenaires.
- Comment les incitez-vous à valider leur idée le plus tôt possible en réalisant des prototypes ?
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Comment trouver la bonne idée d’innovation ?







Rien que par cette idée totalement originale,vraiment Google mérite sa place dans l’économie mondiale !…Alors plutôt qu’essayer de faire des lois pour prendre ce qu’il gagne ne pourrait-on pas essayer de copier son modèle ?
Oui, nous pouvons nous inspirer de son modèle. Il ne s’agit pas de faire un copier-coller, mais d’en retirer l’esprit et de l’adapter à nos entreprises françaises dans des secteurs différents de celui de Google.
Bjr,
C’est en effet l’originalité qui est intéressante. Je ne pense pas non plus qu’un copier-coller soit la solution, car peu envisageable dans notre système économique mais on peut tirer des enseignements et quelques pistes de réflexion pour favoriser cela.
L’acceptation du projet par ses collègues comme indicateur de réussite est également très intéressant mais j’avoue douter de son applicabilité dans un système pyramidal « millénaire » de la chaine de décision.
…..mais il faut savoir casser les habitudes ……et prendre des risques !
Vous avez raison, appliquer la méthode Google par « copier – coller » à une entreprise aux méthodes traditionnelles n’est pas raisonnable. Par contre, tout le monde peut s’inspirer de certains aspects de cette méthode.
Bonjour, merci pour ce très bon article
Je vous en prie. C’est un plaisir pour moi d’écrire ces articles.