La Silicon Valley représente la référence incontestée et inégalée de l’innovation des entreprises. J’y ai moi-même travaillé 7 ans et j’y ai perçu une atmosphère de bouillonnement créatif étonnant. Je dois reconnaître que j’ai eu beaucoup de mal à retrouver cette atmosphère dans les entreprises en France.
Partout dans le monde, les entreprises cherchent à développer leur capacité d’innovation à un très haut niveau et à s’y maintenir dans la durée. Deux chercheurs de HEC Montréal : Patrick Cohendet et Laurent Simon se sont penchés sur le sujet, et voici ce qu’ils ont découvert…
L’organisation de projets multidisciplinaires est certainement un facteur qui favorise l’innovation. Patrick Cohendet et Laurent Simon ont observé plusieurs entreprises innovantes comme Ubisoft ou le Cirque du Soleil. Pour chaque projet à mener, ces entreprises innovantes créent des équipes composées de collaborateurs de diverses disciplines en fonction des besoins du projet. Par exemple, lorsque Ubisoft crée un nouveau jeu vidéo, l’entreprise mobilise des designers, programmeurs, graphistes, animateurs 3D, testeurs, etc. L’équipe apporte de manière flexible la combinaison de talents et la diversité de points de vue indispensable à l’innovation.
Et pourtant cela ne suffit pas. Les contraintes du projet freinent l’innovation : il faut faire le lancement commercial à la date promise, en respectant le budget prévu. Au début du projet, la liberté est grande et les idées créatives sont faciles à intégrer. Mais plus le projet avance, plus la pression du résultat limite les possibilités d’innovation. D’autre part, de nombreuses idées créatives apparaissent en cours de projet, sans qu’on les ait recherchées. C’est ce qu’on appelle la sérendipité. Malheureusement, ces idées sont souvent éliminées parce qu’elles n’ont aucun rapport avec le sujet en cours.
Capacités d’innovation : les 2 éléments-clés qui font la différence
Les chercheurs de HEC Montréal montrent que la source du bouillonnement créatif vient des échanges informels à l’intérieur de communautés. Les entreprises innovantes encouragent les employés à faire partie de communautés d’individus qui s’intéressent au même domaine.
C’est par exemple la communauté des designers, celle des programmeurs, des graphistes… Ils échangent entre eux de manière informelle, par exemple autour d’un café à l’occasion d’une pause. Ils partagent aussi avec d’autres spécialistes en dehors des frontières de l’entreprise, comme lors du Fantasia Festival qu’organise Ubisoft.
Quel est le but de ces communautés ? Partager une même passion, créer constamment des idées nouvelles, aider à la diffusion et à la mise en œuvre des meilleures idées. C’est pour cette raison qu’on les appelle « communautés de connaissance » (en anglais « knowledge communities »).
C’est dans ces échanges informels qu’émergent les idées. Les idées y naissent spontanément, indépendamment de tout projet, par la simple énergie de la passion. Elles constituent une réserve que les chercheurs appellent le « surplus créatif » (en anglais creative slack). Elles sont constamment disponibles aux membres de l’équipe ou de la communauté : certaines seront intégrées dans leur projet lorsqu’ils en ont besoin. Ce surplus créatif est la ressource qui permet aux équipes d’innover constamment. C’est la vraie source d’avantage concurrentiel des entreprises innovantes.
Et vous, dans votre entreprise, avez-vous créé les conditions d’une innovation permanente ?
– Avez-vous identifié les communautés de connaissance pertinentes pour votre activité ?
– Encouragez-vous vos employés à y participer ?
– Que faites-vous pour faciliter les échanges informels qui sont indispensables pour accéder au surplus créatif ?
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Bonjour,
Un de nos consultants a trouvé grâce à une communauté une solution open source qui a intéressé le client. Ce dernier va sûrement l’intégrer dans son activité.
Je pense que c’est surtout lié à la personnalité des personnes : créativité, curiosité, envie de comprendre, volonté d’apporter de la valeur à l’entreprise / client.
A mon sens, tout cela reste humain avant tout, au delà du management.
Cdt,
Xavier
Vous avez raison, le phénomène de lien avec les communautés est un phénomène humain, tout à fait naturel. Ce phénomène existe depuis que l’homme existe. Ce qui change, c’est la capacité de communication à l’intérieur d’une communauté qui a augmenté considérablement grâce à l’avènement d’internet et des réseaux sociaux. Sachant cela, la question est : comment l’entreprise peut-elle capitaliser sur ces communautés de manière efficace ? C’est là que les leçons apportées par Patrick Cohendet et Laurent Simon sont utiles…