IKEA a réussi une innovation de rupture dans la distribution de meubles. Pour ses concurrents, c’est une révolution. Elle a l’allure d’un soulèvement qui naît au sein d’un parti, embrase le peuple et renverse le monarque régnant. Elle est brutale, violente, irréversible, préméditée.
Pourtant, les membres de l’équipes d’IKEA ont perçu l’innovation de rupture d’une bien autre manière. Ils l’ont vécue comme une innovation menée pas à pas. Pour eux, elle ressemble à la croissance d’une pousse de chêne qui, après avoir combattu les tempêtes de l’automne, les grands gels hivernaux et les incendies estivaux, s’est trouvée un jour être le plus grand arbre de la forêt. Elle est faite d’adaptations constantes, d’imagination, de recherche de solutions inédites, de constance et de détermination.
Le paradoxe de l’innovation de rupture :
C’est ce que montre Jean-Marc Schoettl dans l’article qu’il a écrit dans la Revue Française de Gestion N° 197 d’octobre 2009. Jean-Marc, un éminent spécialiste de la rupture des business models, est consultant et enseignant à Sup de Co Montpellier, HEC, ESCP Europe et Paris Dauphine. Par son analyse de la réussite d’IKEA, il soulève un paradoxe : même si l’innovation de rupture est radicale pour les concurrents, elle est progressive pour l’entreprise. Elle est la résultante de multiples innovations que l’entreprise a conçues pour répondre à des problèmes opérationnels durant une période qui s’étale de 1945 à nos jours.
Lire aussi: L’innovation de rupture est à la portée des PME
Voici quelques péripéties de l’histoire d’IKEA que Jean-Marc analyse. C’est en 1945 qu’Ingvar Kamprad, fondateur d’IKEA, inaugure le premier catalogue. Il le fait pour compenser le manque d’efficacité commerciale lorsqu’il vend en porte à porte des articles aussi divers que des stylos, des bas nylon ou de la maroquinerie. Il commence à vendre des meubles par hasard en 1947. Dès l’origine, il a des tarifs agressifs parce qu’il évite les coûts des intermédiaires en vendant en direct au consommateur. En 1953, il ouvre un premier magasin pour exposer la qualité de ses produits. Il y est contraint pour contrer une guerre des prix lancée par un concurrent direct et montrer la supériorité de ses produits. Il invente le libre service directement dans l’entrepôt pour réduire le temps d’attente des clients. En effet, il vient d’ouvrir un magasin à Stockolm avec un succès tel que les files d’attentes deviennent inacceptables. Il imagine le meuble en kit pour faciliter le transport dans la voiture des consommateurs car l’encombrement des meubles transforme le chargement dans les véhicules en casse-tête.
Comme le démontre le cas d’IKEA, l’innovation de rupture est le résultat d’une succession de décisions innovantes. La clé consiste à reconnaître le mérite d’idées originales même si elles sont initialement conçues pour résoudre un problème ponctuel. Elle exige le courage de sortir du schéma mental traditionnel adopté par tous les concurrents. Elle demande de la lucidité et de la constance. Sur le plan des moyens, elle est à la portée de toutes les entreprises. Mais seules celles qui ont suffisamment de créativité et de courage pourront la réussir.
Pour accéder à la totalité de l’article de Jean-Marc Schoettl, cliquez sur :http://rfg.revuesonline.com/article.jsp?articleId=13959
Pour en savoir davantage: IKEA






